Gabriel Seigner
Les mots mendiants
"Enivre-moi, Amour
Jusqu’au retour de ta belle sœur
Qu’il me tarde d’épouser.
J’ai flirté avec les pensées interdites,
Me voilà Jacob luttant
L’Ange pourtant a fini par m’éventrer.
Qui m’embrasse,
Si ce n’est toi, muse noire ?
Inertie de l’âme
Et tu surviens – tes seins d’encre
Et tu surviens – hanche en mâchoire
Muse noire, Erinyes
Tu profites de nos ébats, de ton viol
Pour pondre par moi ta race infernale.
J’ai flirté avec les pensées interdites,
Je n’aurais jamais dû me regarder en face,
Je suis si vil.
Enivre-moi, Amour
Enivre-moi
Jusqu’au retour de ta belle sœur
La Mort, cette chienne adorable."
Gabriel Seigner,
poème extrait, in Les Mots mendiants
"Morphée
non
tes crocs ne sont pas mes amantes
Morphée
à jamais maudite
toi ravage de l’oubli
toi lâche fuite vers l’image désincarnée
que nos paupières s’ouvrent
et les portes des demeures
dans l’allée aux douze temples
plusieurs voix
crient des naissances"
Gabriel Seigner,
poème extrait, in Les Mots mendiants
Edvard Munch, Séparation, 1896
Edvard Munch, Séparation, 1896
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